• Est-il possible de mieux vivre ensemble sans se préoccuper des autres, de leur besoins, de leurs attentes ? Est-il envisageable de demander du respect, de l'écoute, de la tolérance si nous ne sommes pas en mesure de proposer la même chose aux autres ?

    Depuis pas mal d'années maintenant, j'organise au sein de mes groupes le "comment ça va ?. Tout est dans l'intitulé et l'article sur le sujet vous donnera surement des infos.

    Le but pour moi n'est donc pas d'écrire la même chose, mais de parler de ce que peut apporter d'autre ce véritable rituel que la grande majorité des enfants plébiscite à chaque séance.

    Malgré toutes ces années, je suis, encore aujourd'hui, quelquefois surpris et profondément touché par ce que j'entends. J'aimerais que l'enseignant ou le parent soit à mes côtés, à certains moments, pour entendre les paroles de ces enfants inquiets parce que " maman est à l’hôpital" ou stressés par "l'évaluation de tout à l'heure". J'aimerais qu'ils entendent quand des enfants, malheureusement "étiquetés" comme difficiles, se disent effrayées à l'idée d'être grondé par le parent ou par la maitresse, ces petits "durs" que l'on pourrait facilement imaginer faire preuve d'arrogance, déclarer "Je suis triste parce que j'ai été puni tout à l'heure par ma maitresse".

    Assis en tailleur, les autres enfants écoutent. J'assiste parfois à des querelles parce que l'un a fait le reproche à son voisin "Je suis pas content parce Julien m'a poussé tout à l'heure et m'a pas dit pardon", à des réconciliations aussi "Pardon, je ne savais pas que le mot que j'ai dit...".

    L'enfant apprend à dire ses émotions, se déleste aussi de ses contrariétés , de ses peines, partage aussi ses joies, mais il y a également l'effet que cela produit sur le groupe entier. "Les autres aussi ont peur"me disait une petite fille après avoir montré sur la réglette des émotions le petit visage bleu signe d'une certaine inquiétude . Est-ce rassurant de voir que les autres aussi ont des peurs, des tristesses ? Est-que ça nous rapproche d'entendre que les autres enfants et l'adulte référent ont, eux aussi, des émotions ? En toute sincérité, je le crois.

    Améliorer le vivre ensemble au sein d'un groupe: Le travail sur l'empathieJ'irais même plus loin en disant que cela peut aider les uns et les autres, et notamment l'adulte, à changer son regard sur cet enfant que l'on ne supporte plus et qui soudain vous parait tellement différent lorsqu'il dit sa tristesse ou sa fatigue, lorsqu'il raconte qu'il s'est couché tard la veille. Peut-être cela aide-t-il à passer outre les préjugés qui ont la vie dure et qui nous font tellement interpréter et imaginer ce que l'enfant doit dire dans sa tête et ressentir dans son cœur. A tel point qu'il devient pratiquement impossible, pour certains, d'observer et d'écouter l'enfant, sans que des pensées parasites viennent interférer dans la communication.

    Les enfants aussi sont souvent prisonniers de l'image qu'ils ont de cet autre. "Il ment tout le temps" ou encore "Il est toujours méchant, il embête tout le monde". Ces petites phrases en disent long sur le travail que devra réaliser l'autre pour sortir de cette "prison". Mais cet autre aura-t-il finalement la force et l'envie d'en sortir en sachant les efforts qu'il lui faudra accomplir ?

    Pourtant lorsque les émotions et parfois les besoins s'expriment, le masque tombe et l'on peut enfin apercevoir une autre facette que l'on ne voyait pas ou ...plus.

    Comme nous, cet enfant aussi a des besoins qui parfois lui font faire des choses que les autres n'approuvent pas toujours. Cela ne veut pas dire que tout se pardonne plus facilement mais peut-être que de connaitre sa peur ou sa tristesse va me permettre de rester plus facilement conscient que si l'acte est répréhensible la personne ne doit pas être pré-jugée.

    "Rien n'est écrit, tout s'écrit ici et maintenant" dit l'adage.

    Voilà pourquoi, avec le temps, j'ai compris combien ce moment d'échange et d'écoute était bien plus important que ce que j'avais imaginé au début.

    Petits et grands, il peut nous conduire sur le chemin de l'empathie et ouvrir de nouvelles perspectives dans la relation avec l'autre et avec nous-même.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • l’Éducation Nationale et l'UNICEF ont mis à disposition des éducateurs toute une palette d'outils pour aborder l'actualité du moment suite aux attentats terroristes survenus en France en janvier 2015. J'ai eu envie de faire une synthèse de ces initiatives au risque d'en oublier et je m'en excuse.

    Educatrices, éducateurs, à nous de jouer !

    La liberté d'expression expliquée aux enfants

     

     

     

     

     

    Eduscol: Comment parler d'un drame de l'actualité aux élèves ? Une page pleine de ressources !cool

    avec notamment:

    -Un numéro de 1jour1actu  (presse junior) qui explique les attentats, ce qu'était Charlie Hebdo et parle de la liberté d'expression

          + Une fiche sur "C'est quoi la liberté d'expression ?" avec une petite vidéo sympa

    -Mon quotidien (presse junior) qui aborde également les sujets de cette actualité avec une rubrique "comment les élèves, les profs en ont parlé ?" et, enfin, une explication sur ce qu'est un dessinateur de presse.

    -Le Petit quotidien avec en fin une petite Bd sur la liberté d'expression

    -Astrapi avec là encore des très beaux textes très simples pour répondre aux questions des enfants.

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    UNICEF propose une page " Ressources " avec notamment:

    -Une fiche synthétique pour faire le lien entre les évènements et les droits des enfants ou vous trouverez des tas d'informations sur le sujet. Une belle façon d'aborder les libertés dont nous bénéficions en France  dont... la liberté d'expression.

    -Un document sur l'égalité pour parler aux enfants de ce concept républicain et de son importance dans notre société.

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    Quelques dessins issus des documents cités avant :

    1jour1actu

    Petit quotidien

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Astrapi 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Article écrit après l'attaque de Charlie Hebdo en 2015.

     

    En cette période ou l'attention se focalise un peu plus sur les valeurs de la République - Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité, non-discrimination, ... - ou les enseignants, les parents, les éducateurs s'interrogent peut-être davantage sur la façon dont ils peuvent faire partager ces valeurs aux enfants, j'ai eu envie de vous faire part de mon expérience et de mon point de vue.

    Depuis 15 ans que j'exerce le métier d'éducateur et bien avant je pense dans mon rôle de père, il m'est très souvent arrivé de réfléchir à la bonne attitude à adopter pour que l'enfant soit sensible à mon discours éducatif et que je ne sois pas perçu, ou le moins possible, comme un moralisateur dont la devise serait "Fais ce que je dis et pas ce que je fais".

    Car finalement, je parle de respect de l'autre, de tolérance, de justice, de solidarité, mais l'enfant qu'entend t-il  et que voit-il ? Comment faire pour que cet enfant comprenne que les valeurs dont je lui parle sont essentielles pour vivre en paix ensemble, malgré nos différences ?

    Je m'arrête un instant sur "nos différences ". Sans qu'il y ait besoin de parler d'origine, de couleur de peau, de religion, de culture, ne nous leurrons pas, nous sommes différents sans cela. Par notre éducation, nos opinions, notre vécu, nos accidents (de vie), notre sensibilité, nos apprentissages, nos goûts, nos rencontres et j'en oublie tellement. Et je pourrais aussi parler de la manière dont chacun d'entre nous interprète et intègre une même valeur et l'utilise au quotidien.

    Je reviens à ma question initiale concernant les valeurs à faire passer à cet enfant.

    La politesse, le respect mutuel, l'égalité ( filles-garçons,...), la solidarité, tout cela est peut-être très (trop) éloigné de ce que vit cet enfant au quotidien en dehors d'ici. Peut-être qu'au delà de ce cadre, lorsqu'il tombe, on se moque de lui, on lui demande peut-être de taire sa douleur, peut-être que personne ne lui demande comment il va, peut-être lui dit-on que les femmes sont moins que les hommes, peut-être lui fait-on croire qu'il est tout puissant, que par la violence on peut obtenir beaucoup ? Et moi, je lui demande d'adhérer à des valeurs qu'il ne connait pas ou peu et qui s'opposent parfois même, à son système de pensée et d'éducation.

    Et si je lui faisais goûter à mes valeurs ? Si je lui montrais combien elles sont importantes pour son bien-être ? Si je lui démontrais que finalement, nous ne sommes pas si différents et que sur bien des besoins, nous nous retrouvons ?

    La mise en pratique par l'adulte encadrant des valeurs de la république dans le quotidien de l'enfant, au sein du groupe, de la classe, est , à mon humble avis, la meilleure des manières pour que cet enfant commence à se questionner sur le bien-fondé de ma démarche.

    S'il bénéficie de cette égalité, de ce respect, de cette tolérance dont je lui parle il se rendra plus facilement compte combien c'est important et, ... agréable pour lui.

    Je ne connais aucun enfant qui ne soit sensible à une main tendue, à la valorisation, à l'écoute, à la confiance, à l'estime, au respect. C'est à ce moment là que la sensibilisation est importante et qu'elle peut avoir le plus d'impact.

     

    Et soudain la liberté, l'égalité et la fraternité

    Est-ce que dans mon groupe, à travers mes pratiques pédagogiques je respecte les valeurs de la république ? Si oui, de quelle manière cela se concrétise pour les enfants dont j'ai la charge ?

    C'est peut-être difficile à entendre, et encore davantage à mettre en application, mais peut-on espérer sincèrement parvenir à convaincre des enfants que les valeurs de la République sont le ciment de notre société et les garants du vivre ensemble, si nous n'en apportons pas la preuve ici et maintenant ?

    Pour ma part, je suis convaincu que l'exemple, la mise en pratique sont les meilleures des pédagogies.  Cela dit, je reconnais combien cette méthode est contraignante. En effet, gare aux écarts de conduite volontaires ou non justifié.

    Pourtant en "m'imposant" à moi-même ce que je demande à l'enfant, je montre que cela est possible et combien c'est important pour moi. Il ne s'agit pas d'être irréprochable ou parfait, bien au contraire, montrer nos faiblesses est aussi une manière de dire nos valeurs.

    "Je ne suis pas Français"

    Après les attentats qui ont frappé la France en 2015, j'ai rencontré des enseignants, des animateurs qui me disaient leur colère face à des enfants de 10 ans qui avaient déclaré ouvertement, ces jours-ci : "Je ne suis pas Français". C'est troublant, certes, mais remettons les choses dans leur contexte et évitons de s'enflammer.

    Parlons à ces enfants, qui la plupart du temps agissent par provocation, par mimétisme, voire par colère, sans même penser au sens de leurs paroles. C'est à ce moment que la bienveillance de l'adulte doit être plus présente que jamais et que les questionnements doivent permettre à la parole de s'exprimer.

    Mais pour discuter avec ces enfants, encore faut-il être apaisé et serein. Lorsque l'adulte est dans l'interprétation, les préjugés, la leçon de morale, le rapport de force, voire le règlement de compte, il est rare qu'il en ressorte quelque chose de positif.

    Préparer le recueillement

    Certains enfants à l'école primaire, au collège, au lycée ont refusé de faire la minute de silence mettant très certainement dans l'embarras les enseignants, certains élèves mais aussi des parents. Là encore, il est essentiel de connaitre les motivations de ces élèves et de les questionner. La plupart d'entre eux ont une vision partisane et souvent déformée des attentats et ne sont très certainement pas au courant des circonstances, des conséquences et de la souffrance que cela a engendré dans les familles des victimes et au delà.

    Il est donc plus que nécessaire d'humaniser le débat. Afficher les photos des victimes dans la classe, écrire leurs noms, montrer et expliquer la souffrance des familles et préparer le temps de recueillement avec des paroles apaisantes et bienveillantes est absolument primordiale à mon sens.

    L'enseignant  peut annoncer, au préalable, à ses élèves qu'il y aura un temps de recueillement l'après-midi ou le lendemain. Ceux qui voudront participer se lèveront de leur chaise et feront quelques pas vers un lieu spécifique (dans la classe) préparé par les volontaires, avec les photos et les noms des victimes et quelques petits textes écrits par des élèves encore une fois volontaires. Les autres pourront rester assis dans le calme.

    J'ai éprouvé le besoin de proposer un document pour les enseignants et animateur qui souhaitent organiser ce temps de recueillement. Je me permets d'insister sur le fait que l'adulte doit-être apaisé et qu'il doit se sentir capable d'affronter des comportements récalcitrants. Il est aussi important de ne pas perdre du vue l'objet de votre démarche. Il ne s'agit pas de confronter les idées ou d'opposer les points de vues, cela viendra plus tard si besoin.

    Document à télécharger

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    Après ce que nous venons de vivre en France, je veux être optimiste et croire que la communauté éducative au complet, les parents, les enseignants, les éducateurs, les animateurs et toutes les personnes qui s'occupent d'enfants sauront agir auprès des jeunes pour montrer que ce qui nous rassemble est bien plus fort et bien plus important que tout le reste.

    Car la haine, ça suffit...

     L'amour est plus fort que la haine

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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