• La famille, l'école , la rue

    Extrait de l'exposé de Jean-Marie PETITCLAIR issu de:

    " Quelles réponses à la délinquance des jeunes? "Page 2

     

    Les adolescents évoluent chaque jour au sein de trois milieux différents, la famille, l’école, la rue. La différence entre un jeune bien inséré et un jeune en voie de marginalisation se mesure au temps qu’il passe dans la rue : pour le premier, la rue n’est qu’un espace de circulation, il s’en sert pour aller d’un lieu à l’autre ; pour un jeune en voie de marginalisation, c’est un espace de stagnation : il ne se sent bien ni chez lui, ni à l’école, et la rue représente pour lui un espace de liberté.


    Chacun de ces lieux est imprégné par une culture : culture familiale, très marquée par le pays d’origine ; culture républicaine de l’école ; culture de la rue, marquée par un certain code de l’honneur, mais aussi par un code de communication fondé sur le caïdat et très influencé par les médias. Le drame de ces jeunes, c’est que les adultes qui sont les porteurs de repères dans chacun de ces milieux (parents à la maison, enseignants à l’école, aînés dans la rue) passent le plus clair de leur temps à discréditer les deux autres milieux.


    Les enseignants se plaignent des parents démissionnaires et de la mauvaise influence de la rue ; les parents ne comprennent pas que les enseignants, qui se disent professionnels de l’éducation, soient incapables d’assurer la discipline et de former leurs enfants, et eux aussi dénoncent l’influence de la rue ; les aînés de la rue disent que de toute façon les parents sont d’une autre génération et ne comprennent rien, et que cela ne sert à rien d’aller dans un collège qui leur paraît sans avenir : la carte scolaire, qui était une excellente mesure à l’époque où il existait une mixité sociale sur l’ensemble du territoire, est une terrible mesure quand la mixité sociale n’est plus là.

    On comprend que devant cette incohérence du monde des adultes, les jeunes n’aient le choix qu’entre devenir fous ou devenir violents ; qu’ils deviennent violents me paraît un signe de bonne santé ! C’est surtout un formidable appel à la cohérence des adultes.