• La place de l'enfant

     

     Dans le cadre du projet Ni hérisson Ni paillasson, c'est vers l'apprentissage de la citoyenneté que nous voulons guider l'enfant, vers la construction d'un individu actif et responsable, à qui nous reconnaissons le droit d'exprimer son opinion et de prendre part à l'élaboration des règles qui le concerne(celles qui sont négociables).

    La place de l'enfantIl est possible que ce positionnement se retrouve parfois en contradiction avec le discours tenu par les parents ou d'autres adultes. Pour autant, si on considère que l'éducation de l'enfant est une nécessité, ce que nous allons lui apporter dans ce domaine ne peut que l'aider dans sa formation d'individu et de futur citoyen.

    Une question se pose toutefois pour certains adultes: Le fait de “donner” certains droits à l'enfant n'est-il pas de nature à porter atteinte à l'autorité de l'adulte ?

    En fait, il ne s'agit pas de donner mais de reconnaitre les droits que possèdent déjà l'enfant. C'est à partir de ces droits que l'autorité (naturelle) et le statut de l'adulte peuvent se construire.

    En revanche il est intéressant de savoir si l'adulte est capable d'exercer son autorité tout en respectant les droits de l'enfant et les objectifs du projet.

    Trop de droits pour les enfants !

    J'entends souvent cet argument de la part de parents, d'enseignants ou d'animateurs qui considèrent peut-être qu'un enfant peut s'octroyer des droits à sa guise.

    En fait je ne sais pas ce que veut dire avoir trop de droits. Ou on a les mèmes droits que les autres ou on a des privilèges.

    L'enfant a-t-il le droit d'insulter un adulte ? Je ne crois pas. Il sait certainement qu'il n'a pas le droit, mais peut-être s'en moque t-il ? En le faisant il prend le risque d'être sanctionné donc ce n'est pas un droit mais une transgression.

    L'adulte qui dépasse la vitesse autorisée avec son auto sait qu'il n'a pas le droit mais cela ne l'empêche pas d'enfreindre le code de la route. On ne va pas lui dire qu'il a trop de droit mais plutôt qu'il n'a pas respecté les règles.Pour l'enfant c'est pareil.

    Dire que l'enfant à trop de droits, c'est faire offense à tous les enfants qui supportent les humiliations, les insultes, les violence de l'adulte et qui n'ont souvent pas les moyens de se défendre.

    La violence pour s'exprimer 

    On va chercher peut-être bien trop loin les raisons de la violence qui explose parfois dans une classe, une cour d'école, un quartier. Peut-être que l'enfant qui cumule les affronts, les insultes, les blessures doit, pour ne pas devenir fou, faire sortir cette souffrance qui l'étouffe.

    Cette violence est inacceptable et condamnable, mais finalement a-t-il le choix ?

    Si je vous traite de nul et de bon à rien, vous pouvez me répondre par des noms d'oiseaux, si le coeur vous en dit, on vous donnera mème raison, peut-être. Je vous ai humilié, rabaissé, il est normal que vous réagissiez, non ? Mais l'enfant, que peut-il faire ?

    Quelles circonstances atténuantes allons-nous trouver à un enfant qui insulte un adulte ?

    Aucune ! Il aura tord la plupart du temps car pour certains adultes, rabaisser un enfant est normal, commun, banal. Ce n'est qu'un enfant, et puis il a tellement...de droits !

    Le droit au respect sans condition.

    Et je me sens obligé de préciser( et de répéter) que dans le projet ni hérisson ni paillasson, l'enfant à droit au mème respect que l'adulte, à autant de considération, ni plus ni moins. S'il dépasse les limites, il est sanctionné sans abus, avec justesse, comme le serait un adulte qui transgresse une règle.

    Qui accepterait que l'adulte qui commet une infraction au code de la route(encore lui) se fasse maltraité, insulté, humilié, violenté par le policier qui relève l'infraction ?

    Vous imaginez le portrait:

    "Tu as encore dépassé la limite de vitesse, c'est la 3e fois en un mois ! Tu commences à me gonfler ! Tu comprends rien dans ta petite tête ? Et arrête de me regarder comme ça sinon, je vais t'en coller une ! Tes parents ont oublié de t'éduquer ou quoi ?"

     

    Le droit au respect n'implique aucune contrepartie de la part de l'autre. Je ne peux pas dire à l'enfant, "si tu me manque de respect, je ne te respecterai plus et pire je vais t'en faire baver..."

    Mème lorsque c'est difficile...

    Je lisais un petit livre intitulé "Le respect et le mépris"(de la collection "Les goûters Philo") et à un moment il est question d'un surveillant de cantine qui est excédé par le comportement d'un enfant qu'il juge provocateur. L'adulte a envie de lui mettre une giffle, mais quelque chose le retient, quelque chose de plus fort que la colère. C'est ...le respect.

    Tout le monde a droit au respect, mème celui qui fait des bétises, mème celui qui est violent, sinon cela voudrait dire que chacun a le droit de se faire justice.

    Ce que propose le projet Ni hérisson ni paillasson, c'est le respect pour tous, ni plus...ni moins.