-
Désarmer notre regard sur l'enfant
Le dialogue est parfois difficile entre l'enfant et l'adulte. Il faut dire que l'image que nous, les grands, avons de l'enfant, ne facilite surement pas les choses.
Pour la plupart des adultes, l'enfant est présumé coupable. Coupable de faire exprès, de faire semblant, de chercher le conflit, l'affrontement. Ce provocateur né, veut nous faire plier, nous soumettre à ses volontés, c'est certain. Voyez ce regard moqueur, ce sourire en coin, ces gestes désinvoltes, cet air provocateur.
Comment douter un seul instant des mauvaises intentions qui sont les siennes? Et sa propension à l'affabulation est bien le signe que ce petit être, en apparence sans défense, n'est pas un innocent tel qu'on veut bien nous le présenter dans certains ouvrages et autres colloques à la gloire de l'enfant.
Cela résume, à peu près, la pensée - peut-être un peu caricaturée - d'un certain nombre d'adultes sur l'enfant.
C'est vrai qu'il est parfois difficile de voir les choses autrement tant nos croyances, nos préjugés nous poussent à aller dans ce sens. Cette image négative de l'enfant est ancrée dans nos esprits au point de ne laisser que très peu de place au doute. Et si nous avions tort ?
J'ai une petite anecdote bien mignonne qui me vient à l'esprit.
Animateur en périscolaire, j'attendais dans la cour de l'école que les enfants sortent de classe pour récupérer ceux qui étaient inscrits à mon atelier.
Une enfant de CP/CE1, qui en faisait partie, arrive vers moi, tout sourire, avec un dessin à la main et me dit "C'est pour toi Marcel". Je la remercie mais en regardant le dessin (qui ressemblait à s'y méprendre à un gribouillage), je vois écrit en bas de la feuille "Pour maîtresse" (l'orthographe était différent). Je lui rend alors le dessin en lui disant "Tu t'es trompé, ce n'est pas pour moi".
Un fois chez moi, j'ai repensé à ma réaction face à une enfant qui m'avait finalement fait un cadeau que j'avais refusé. Pourquoi avais-je réagi ainsi? J'étais sans doute un peu vexé que ce dessin ne me soit pas véritablement destiné car jusqu'à preuve du contraire je n'étais pas une Maîtresse. Sans doute l'enfant m'avait-il choisi faute de mieux.
J'aurai pu arrêter ma réflexion ici, mais...
Et si cette enfant m'avait fait ce cadeau tout simplement parce que ça lui faisait plaisir...de me faire plaisir? Elle aurait pu le jeter, l'offrir à un camarade ou le garder pour ses parents, mais elle a choisi de me le donner à moi...
Finalement de ces deux hypothèses, pourquoi ne pas choisir la deuxième ? Dans la première, il y a peut-être deux déçus, dans l'autre sans doute deux heureux.
En désarmant mon regard sur l'enfant, en cessant de lui prêter de mauvaises intentions et de juger négativement le moindre regard, le moindre geste, la moindre attitude, j'ouvre des perspectives et des possibles réjouissants, autant pour l'enfant que pour moi.
C'est très naïf me direz-vous. Sans doute, mais n'est-ce pas utile parfois de l'être un peu... surtout avec les enfants ?
"Ce ne sont pas les choses elles-même qui nous gênent mais l’idée que nous nous faisons des choses"
Et ça nous avons le pouvoir de le changer et... ça peut tout changer.
“La naïveté est une façon de vivre intelligemment le présent.”
-
Commentaires