• Mieux vivre ensemble: Tous responsables !

     

    Article modifié le 26 janvier 2015

    Après 4 ans de travail dans les écoles primaires, auprès des personnels et des enfants, je dois le reconnaitre, j'aurais aimé mobiliser davantage d'animateurs, d'enseignants, de responsables politiques et hiérarchiques autour de ce projet.

    Malgré les formations, le suivi sur le terrain, les réunions, les bilans, j'ai mesuré toute la difficulté que peuvent rencontrer les animateurs pour respecter les enfants, toute la complexité pour démontrer aux uns et aux autres, qu'ils soient donneurs d'ordres ou élus, l'importance de ce projet éducatif et le soin qu'il nous faut apporter au choix des personnes qui, sur le terrain, vont être en charge d'appliquer cette démarche éducative.

    Peut-être ai-je été trop optimiste, trop naïf. A penser que les adultes avaient seulement besoin d'aide et de conseils, j'en ai oublié les motivations et les attentes personnelles des uns et des autres...

    Quant à l'enfant, il ne peut pas tout et quoi qu'il fasse il a besoin de l'adulte, pour se sentir valorisé, aidé, conseillé. Besoin d'une personne capable de bienveillance et de fermeté.

    "Bienveillance et fermeté", que ces 2 mots semblent difficiles à concilier pour bien des adultes...

    De mon point de vue, les parents ne sont pas seuls responsables des excès de langage, de comportement de leur enfant.  Malheureusement, c'est eux(avec l'enfant) qui sont souvent désignés comme les seuls coupables. Et en échange, certains parents, tiennent pour seul responsable l'animateur, l'enseignant, l'éducateur.

    Et la boucle est bouclée...

    "C'est pas moi, c'est lui !"

    Sur la centaine de personnel(cantine, surveillance) que j'ai rencontré et observé lors de ma démarche, combien ont montré une réelle volonté d'endosser leur part de responsabilité, combien ont fait cet effort pour protéger la paix et le mieux-vivre ensemble ? Pas assez à mon goût.

    La plupart se contentent de fustiger les enfants, parfois les parents, mais ne supportent pas (ou peu) d'être remis en cause. Autrement dit, "ce n'est pas à moi de faire des efforts".

    Le mal par le mal

    Et l'on se retrouve dans une situation paradoxale et totalement absurde ou l'enfant devient la référence en matière de politesse(d'impolitesse) et de respect (d'irrespect)!

    dispute-adulte-enfant.jpgOn assiste alors à des scènes surréalistes ou l'adulte, boudeur et rancunier, va se conduire comme un petit enfant avide de pouvoir et de vengeance. Il justifie bien souvent ses écarts de comportements et de langages par cette phrase: "On est obligé  ", sous entendu, "on n'y est pour rien, c'est l'enfant qui nous pousse à réagir de la sorte".

    Du coup, les "bonjour" "merci", s'il te plait,..."ont presque disparu du langage usuel, remplacés par des injonctions(parfois très fortes) qui ne font que traduire les rapports tendus, voir conflictuels qui existent parfois entre les enfants et les adultes.

    Vous avez dit"Mieux vivre ensemble ?"

    Et lorsque je me risque à demander pourquoi, certains adultes me répondent "Et eux (les enfants), vous croyez qu'ils sont polis ?"

    Qui éduque qui ? Je vous le demande !

    Et l'enfant dans tout ça ?

    Le projet prévoit des sanctions pour l'enfant qui transgresse les règles(voir tableau des sanctions). L'adulte a même la possibilité de demander une exclusion dans les cas ou les autres mesures n'auraient pas porter leurs fruits.

    Pourtant, cela ne suffit pas toujours à calmer la colère et la rancœur(?) de certains adultes qui vont infliger des punitions voir des humiliations à l'enfant qui a eu le malheur de désobéir.

    Mais cet adulte, que risque t-il ?

    "On n'est pas parfait !" me disait une animatrice. Personne ne l'est et ce n'est pas souhaitable à mon sens. L'erreur est humaine, mais si, en plus, elle est humanisant e, alors, nous avons tous à y gagner !

    Pourtant, à entendre certains adultes, j'ai le sentiment que ce que l'on demande à l'enfant , c'est justement ...la perfection.

    Si nos erreurs pouvaient nous rendre plus tolérants ...

    J'espère, malgré tout, avoir réussi à en faire douter quelques-uns qui se disent peut-être, "et si c'était possible" ?

    I have a dream...

    Une école qui deviendrait une zone de non-agression, de non-violence, un endroit ou l'on se disputerait "sainement", ou l'adulte et l'enfant seraient aussi respectables l'un que l'autre, ou les parents, les éducateurs travailleraient en bonne intelligence, dans le même sens, pour le même objectif...l’intérêt de l'enfant, laissant de côté les vus personnels de chacun, les préjugés et les rancœurs.

    Allez, au boulot ?