• Regardez, diffusez, transmettez, éduquez !

    "Qu'il n'oublie jamais le goût des belles choses. Seules les mères peuvent apporter cela aux petits hommes : la sensibilité. S'ils suivaient les pas de leurs pères, les idéalisaient, le foot, les bagnoles et la perceuse, ils étaient foutus, ils deviendraient aussi cons qu'eux. Des générations de cons ! Seules les mères pouvaient tenter de freiner la malédiction."

    Michel Bussi

     

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  • La plupart des enfants (mais aussi des adultes) manquent de confiance en eux et, plus grave, d'estime de soi.

    Le manque de confiance est plutôt ponctuel et se manifeste dans une situation précise dans laquelle on se sent en difficulté (par exemple, sauter, attraper un ballon, ...) quand le manque d'estime de soi est plus ancré dans notre esprit et peut se manifester hors contexte ("je me trouve nul...").

    Et contrairement à ce que l'on peut penser les enfants qui pavoisent (ou perturbent ?) le plus, ont souvent un déficit important en estime de soi. Pour ceux-là, prendre le risque d'échouer est véritablement douloureux (surtout devant les autres). Ils préfèrent assurer en restant dans un domaine qu'ils maitrisent (les bêtises par exemple).

    C'est là que l'adulte, parent, animateur, éducateur, enseignant joue un rôle essentiel. Il va, par son attitude, rassurer l'enfant et l'inciter à essayer. Et peu à peu lui donner confiance.

    Il ne juge pas, il encourage et dédramatise l'erreur voire la sublime avec une de ces citations dont nous pouvons chacune et chacun nous emparer à bon escient : " Quand je me plantes, je pousse...", "J'apprends de mes erreurs", "Tu n’as cessé d’essayer ? Tu n’as cessé d’échouer ? Aucune importance ! Réessaie, échoue encore, échoue mieux." "Tout est difficile avant de devenir facile".

    Je me sers souvent de la métaphore de l'entonnoir pour permettre aux enfants de visualiser ce qu'est l'apprentissage, plus tu avances et plus les difficultés diminuent.

    L'enfant ainsi rassuré est capable de déployer une énergie considérable pour se dépasser, et qu'importe qu'il réussisse ou pas, chacun a ses limites. Mais les connaitre permet plus facilement de les repousser. C'est souvent une question de motivation et de temps.

    Je me rappelle de cet enfant qui voulait apprendre sa leçon en vu d'une évaluation. Il ne parvenait pas à imprimer dans sa tête les formules et autres définitions. Il me dit alors: "pourquoi les autres y arrive et pas moi ?" et je lui répond " peut-être que toi tu as besoin de plus de temps, de plus de répétitions que les autres. On est tous différents..."

    Alors il s'est remis au travail et finalement l'évaluation s'est plutôt bien passé. Il était content, ne pensant même plus à la débauche d'énergie qu'il avait fourni pour arriver à accrocher une note qui le satisfaisait et sur la différence avec les autres, qui semblait pour lui évidente.

    Bien sûr cela ne se passe pas toujours comme ça. Parfois l'enfant manque de temps, beaucoup trop, voire de capacités intellectuelles pour y arriver. La marche est trop haute et l'athlète aussi courageux et motivé soit-il ne réussira pas à franchir la barre.

    L'apprentissage devient un sport de compétition quand échouer est grave, humiliant, pénalisant, handicapant, dans les faits ou dans l'esprit de celle ou celui qui vit ce genre de situation.

    Certains trouvent des parades, bouffonner, perturber, tricher, s'absenter, s'échapper comme on peut pour ne pas se confronter à cette douloureuse expérience.

    On ne peut pas réparer ça totalement mais peut-être que l'on peut en atténuer les effets négatifs sur le devenir de l'enfant.

    Rendre l'enfant le moins possible dépendant de son échec et de sa réussite en lui répétant autant que possible qu'il est une bonne personne, qu'il est capable et qu'il vaut autant que n'importe qui, et ce, qu'il rate ou qu'il réussisse.

    Car même si le système veut qu'il soit réduit à ses échecs ou à ses réussites, en vérité, l'enfant est tellement d'autres choses, de si belles choses.

    Alors répétons-le chaque jour à cet enfant.

     

     

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    C’est la question que m’a posé mon petit fils de 9ans lors d’une conversation sur l’état de la planète.

    Triste de constater à quel point les enfants peuvent être anxieux quant il s'agit d'imaginer le futur.

    Je n’ai pas eu le coeur de lui dire le fond de ma pensée et encore moins de lui faire part de la peur qui me tenaille à chaque fois que je repense au réchauffement climatique et aux conséquences désastreuses qui vont modifier notre mode de vie et au-delà le fonctionnement même de notre société, et ce dans un avenir très proche.

    « On invente plein de truc pour lutter contre la pollution » ajoute t’il « on va bien arriver à trouver quelque chose pour nous sauver... ». Et là je me sens envahi par un sentiment de culpabilité. Malgré tous les efforts, et heureusement, que nous faisons dans la famille pour réduire notre impacte écologique, je me sens mal, terriblement mal face à ce petit bonhomme à qui nous avons volé une part d’insouciance.

    Des millions d’autres enfants à travers le monde mesurent déjà les conséquences de l’inconscience collective qui a frappé le monde des grands et ce malgré des scientifiques qui, depuis 30 ans, nous alertent sur ce qui nous attend si on ne change pas de direction.

    On y est à présent...

    Comment en est-on arriver là ? Qu’est-ce qui nous a empêché, pendant toutes ces années, de réagir et de prendre au sérieux la gravité de la situation ?

    J’ai mon idée la dessus, mais qu’importe, face à ce petit bonhomme j’ai compris que l’heure n’était pas à l’analyse, car lui, il s’en fiche de savoir pourquoi nous en sommes là. Sa vie va changer de manière radicale et il n’y est pour rien.

    Terriblement injuste, et pourtant, loin d’en prendre la mesure, certains adultes et décideurs se montrent encore indifférents voire critiques face à cette jeunesse qui, mesurant l’étendue de la catastrophe, s’engage, avec la force du désespoir, dans un combat pour la vie.

    Ils entraînent, de plus en plus, avec eux, parents et grands-parents dans une course contre la montre pour sauver ce qui peut encore l’être.

    Maintenant nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas.

    Nous savons, et c’est à nous de tout faire pour redonner confiance (et un brin d’espoir) à ces enfants, ces jeunes et de leur montrer que nous sommes là, avec eux, pour eux... et pour nous.

     

    Proposition de chant/ Percussions (Gobelets) qui se prête tout à fait à une mise en scène sur le thème de la planète (un groupe d'enfants avec des peintures de guerre et un adulte qui donne la réplique au début de la chanson, et le tour est joué).

     

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    Il ne passe pas inaperçu dans la cour du collège tant son comportement est différent de celui des autres élèves. Durant les récréations la plupart des garçons de son âge chahutent, se bousculent, hurlent, s’invectivent, se battent parfois. Joséphin lui se contente de sautiller devant la vitre sans tain du foyer en regardant avec attention son reflet qui bouge et s’anime au rythme des mouvements de son corps. Son visage alors grimace, sa bouche se tord sans doute pour trouver la bonne expression. Puis le rire surgit comme une issue attendue. Tout son être semble s’amuser, se délecter de cette situation dont il est le seul à connaître les contours.

    L’instant d’après, son corps se fige, puis, comme pris d’un doute, Joséphin se gratte la tête et calmement s’appuie contre la vitre du foyer et se laisse tranquillement glisser jusqu’au sol.      

    Il ne manque pas d’attirer l’attention des autres enfants qui l’entourent. Tantôt intrigués, tantôt un brin moqueurs, ils sont quelques-uns à s’arrêter pour l’observer.

    Parfois un élève s’approche et lui tend la main en ajoutant un petit « bonjour » auquel Joséphin répond poliment.      

    La plupart ne le comprennent pas. Lui ne semble pas les comprendre d’avantage.      

    En cours, Joséphin ne fait pas de bruit et ne perturbe pas la classe. Il attend souvent des consignes de la part de son accompagnant pour se mettre en action. Mais ça c’était avant…      

    Depuis peu nous avons mis en place une fiche avec des images qui détaillent chaque étape de son installation en classe. Ceci afin de l’inciter à davantage d’initiative. Et ça marche !      

    C’est parfois encore difficile pour lui de faire ce qui lui est demandé. Non pas qu’il manque d’intelligence mais de temps pour se connecter à l’instant présent et pour mobiliser les compétences nécessaires. Pour y parvenir, les efforts qu’il doit fournir dépassent certainement ce que l’on peut imaginer.  

      Les premiers mois où j’accompagnais Joséphin, ce qui m’a le plus dérangé, c’est l’absence de réponse de sa part ou des réponses vagues, imprécises voire décalées aux questions que je lui posais. Il m’arrivait aussi de prendre pour réponse les mots que je venais de prononcer et qu’il répétait. C’est assez déstabilisant au début mais je m’y suis très bien habitué. Il suffit de varier les phrases jusqu’à trouver la bonne accroche. Et là encore les choses évoluent.      

    Avec Joséphin j’ai appris la patience et l’humilité. Attendre parfois des dizaines de minutes pour obtenir une réponse qui n’est pas celle que j’espérais est, pour moi, très formateur. Cela me permet d’apprécier chaque avancé aussi petite soit-elle et aussi de relativiser mes vaines tentatives.  

      Un jour, en physique Chimie, lors d’une expérience, Joséphin a pris le flacon que le professeur lui tendait puis il l’a secoué pour mélanger la solution sur la demande de l’enseignant. Cela paraît ordinaire. Tous les enfants de sa classe sont capables de réaliser ce geste. Mais pour Joséphin c’était immense. Tout son corps s’est mis à gesticuler au rythme du récipient. Il avait l’air content.      

    À un autre moment, c’est la professeure de SVT qui, le plus naturellement du monde, l’interroge comme n’importe quel autre élève de la classe. Joséphin s’est alors gratté la tête en la regardant mais il n’a pas répondu. Qu’importe on l’avait appelé et c’était déjà beaucoup.      

    Toutes les situations ou Joséphin pénètre dans notre monde sont des satisfactions pour moi et pour lui aussi, je le crois. Ces moments sont de plus en plus nombreux.      

    D’ordinaire, en inclusion, les autres élèves lui adressent rarement la parole et les professeurs l’interrogent peu voire pas du tout. C’est un peu comme si il était invisible. C’est compréhensible quand on sait que la plupart des professeurs n’ont reçu aucune formation ni sensibilisation, tout comme les élèves qui, pour la plupart, ne connaissent que très peu l’autisme.      

    Mais peu à peu les choses semblent évoluer grâce aux initiatives de certains élèves et professeurs, à la mise en place de temps d’échanges et de sensibilisation sur l’autisme. C’est encore peu mais les mentalités changent… .       

    Joséphin a beaucoup de point commun avec les autres élèves. Il est parfois râleur, parfois joyeux, fatigué, excité, drôle, dans la lune, en colère. Il vient quelquefois spontanément vers moi pour me parler puis d’autres fois il reste à l’écart et parle tout seul, grimace, s’agite comme si il avait besoin de s'isoler.      

     Joséphin n’est ni méchant ni malveillant. On pourrait penser que cela est lié à ses difficultés à communiquer et à comprendre le sens de certains mots. En fait je me suis aperçu qu’il avait conscience parfois de la moquerie et du rejet dont il pouvait être victime. Il en a déjà souffert, il nous l’a dit…

     Joséphin est très réceptif à l’humour.

    Un jour en Techno alors que je me lamentais d’une manière théâtrale (« j’en faisais des caisses » comme on dit) parce qu’il n’avait pas les codes pour sa tablette, il me regarde et me dit « ha la bonne blague ! » en riant.      

    Il aime aussi chanter. Dès qu’il m’entend fredonner, il reprend presque aussitôt l’air qu’il vient d’entendre et cela semble le rendre plutôt joyeux.  

    Je crois qu’il a besoin d’être stimulé, d’être incité gentiment. Si on campe sur nos idées liées à l’autisme, on risque de passer à côté de l’essentiel.

      Pourtant scolairement j’ai beaucoup de mal à le pousser. J’ai le sentiment qu’il est déjà suffisamment sollicité.  

    En classe, quand il ne répond pas à ma demande, je répète calmement une deuxième fois la consigne puis je regarde comment il réagit. Selon les signaux qu’il m’envoie, je répète ou je passe par l’écrit. J’utilise alors une ardoise où je note les consignes une par une, ainsi que la fiche de travail mise en place par sa professeure pour synthétiser l’ensemble.  

    Ça fonctionne la plupart du temps.      

    C’est dans les interactions sociales où je suis plus exigent. Je n’hésite pas à inviter ses camarades de classe à venir lui parler, à se mettre à côté de lui pendant les cours ou carrément à l’inciter au travail en lui posant des questions. Je reste en retrait et j’observe.  

    J’ai expliqué aux autres élèves que Joséphin était un enfant formidable et qu’avec lui, aucun risque de rencontrer certaines attitudes propres aux enfants de son âge. Pas de mensonge, pas de moquerie, de mot blessant, de geste agressif ou de violence gratuite. Ce qui, pour une amie de sa classe, en fait « le meilleur ami du monde ».

    Je partage complètement cet avis.          

    De mon côté, je lui propose des jeux quand je sens qu’il est disponible. On joue au loup autour d’un poteau dans la cour, je fais des voix bizarres pour l’inciter à réagir. Au début il était passif ; depuis peu il commence à fuir quand je lui cours derrière et il me poursuit énergiquement.

    On s’amuse aussi à imiter des personnages devant cette fameuse vitre sans teint du foyer.      

    Il aime aussi se comparer. Il se met à côté de moi et regarde qui est le plus grand. À ce moment-là, je me hisse sur la pointe des pieds et cela ne manque pas de le faire réagir : « Ho mais qu’est-ce que tu fais ? Redescend ! » s’exclame-t-il.  

    L’autre jour, il vient vers moi en courant et crie « Marcel ! » Je lui tend les bras et là Joséphin s’arrête et dit « Ha non ! » et s’en va en sautillant.       Autant vous dire que la routine n’existe pas à avec lui !      

    Au fil du temps, Joséphin interagit de plus en plus avec les autres.

    En classe, il se met au boulot plus facilement et exprime ses émotions un peu plus qu’auparavant. Le ton et les mots qu’il utilise sont parfois inappropriés mais l’idée fait son chemin.      

    En cette fin d’année, Joséphin m’a fait un cadeau comme aux autres collègues et professeurs qui l’accompagnent. Il m’a également donné un dessin qui me représente avec une inscription « Ho capitaine mon capitaine. ».

    Cette phrase je lui ai dit un jour dans la cour et je ne sais pas pourquoi il s’en est rappelé. Cela m’a touché car je repensais au film qui m’a inspiré cette citation « le cercle des poètes disparus ». Dans le film, un professeur incite ses élèves à réfléchir par eux-mêmes et à dépasser les limites que leur impose la société. Il les libère en quelque sorte des chaînes du conformisme. Peut-on y voir un parallèle avec Joséphin qui quelque part cherche à se libérer de son état?      

    Quoiqu’il en soit je sais qu’il va évoluer. Joséphin va devenir, d’ici quelques années, un adulte capable de grandes choses. Sa mémoire est étonnante, son talent artistique et sa créativité immenses, ses capacités d’observations sont incroyables et sa minutie est un véritable don. Et que dire de sa grande sensibilité qui sera source d’une énergie sans limite pour peu qu’il apprenne à l’utiliser à bon escient.      

    Il a aussi la grande chance d’avoir une famille formidable, un père fantastique qui fait preuve d’une volonté, d’une ingéniosité et d’une patience à toute épreuve.      

    Nous, accompagnants, professeurs, élèves, éducateurs nous aurons sans doute été, un peu, des capitaines, en l’aidant à libérer son potentiel humain et intellectuel et à se libérer de tout ce qui peut l’empêcher d’être et de devenir.      

    Un jour proche, tel les étudiants de l’académie de Welton, du haut de leur table, Joséphin, mon ami, tu oseras toi aussi t’élever et crier :  

    « Ô Capitaine ! Mon Capitaine !   Mon voyage peut commencer, J’ai franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée. Le port est proche, j’entends les cloches, ceux que j’aime qui exultent,   J’entre dans ce monde plus fort que jamais... »      

    Et là tu auras réussi...      

     

    Texte dédié aux convaincus, aux septiques, aux hésitants, aux empathiques, aux apeurés, aux moqueurs, aux curieux, aux indifférents et, aux autres...

     

     

     

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