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Par Marcel pascal le 5 Février 2020 à 13:02
Vous en connaissez vous des gens normaux ? Zita elle a bien essayé d'en trouver mais... c'est pas facile.
J'ai adoré " Les gens normaux", un petit livre d'une trentaine de pages (de Mickaël Escoffier et Laure Monloubou) , avec peu de textes et de grands dessins (pratique quand on veut lire et montrer les illustrations) pour un public à partir de la Grande section maternelle jusqu'au 3e cycle (à mon avis).
Un moyen d'engager la discussion avec les enfants sur la différence, la normalité, les discriminations,...
De bons moments en perspective !
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Par Marcel pascal le 26 Janvier 2020 à 13:06
Mystérieux titre (qui vous fera peut-être penser à une chanson de Laurent Voulzy) pour un sujet qui demande que l'on s'y intéresse: les émotions.
Nous avons toutes et tous certaines difficultés à gérer nos émotions et même si nous en sommes plus ou moins conscients, il n'est pas simple de se l'avouer et encore plus compliqué de l'avouer aux autres.
D'ailleurs, le responsable de ma colère, de ma peur, de ma joie, de ma tristesse, c'est l'autre, non ?
L'analyse de pratique (pour les parents, enseignants, animateur, ...), lors d'un conflit avec l'enfant, peut aider à prendre conscience de ce que nous ressentons. Il s'agit de revenir après coup sur un conflit ou sur une situation tendue, celle ou l'on cherche, soit à se disculper, voire à se victimiser, ou bien à s'excuser (sans pour autant le faire véritablement).
Ce n'est pas toujours très confortable mais le résultat peut être salutaire, et pour soi-même et pour l'enfant.
Besoins et responsabilités
Marshall Rosenberg, dans son livre "Les mots sont des fenêtres..." part du principe que derrière chaque émotion il y a un besoin à contenter. "Je suis en colère parce que j'ai besoin de...."écrit-il dans son livre. Cette formule m'a personnellement beaucoup aidé.
Ce qui met à mal la certitude très répandue selon laquelle si je suis en colère c'est parce que l'autre m'a énervé. Pour Marshall Rosenberg, nous sommes bel et bien responsable de ce que nous ressentons. Si je suis en colère, l'autre n'est pas la cause de ce sentiment mais plutôt un élément déclencheur de cette colère.
Un exemple: imaginons que vous ayez très mal dormi et, qu'en plus, votre véhicule vous plante le matin en allant au travail. Vous arrivez dans votre classe avec dix minutes de retard et un élève vous dit, avec un sourire narquois au coin des lèvres: "Monsieur, on croyait que vous étiez absent" Et là, votre sang ne fait qu'un tour. Vous poussez une "beuglante" (petit clin d'oeil à Molly, la maman de Ron dans Harry Potter) qui retenti jusque dans le couloir. Peut-être aviez-vous besoin de tranquillité, de calme, d'attention, d'écoute ?
Rejouons la même scène avec quelque petites modifications : Après une bonne nuit de sommeil, le matin avant de partir au boulot, vous apprenez une heureuse nouvelle qui vous comble. Sur un petit nuage, vous en oubliez de regarder l'heure et vous arrivez 10 minutes en retard sur votre lieu de travail. Un de vos élèves (le même) vous dit, sur un ton moqueur: "Monsieur, on pensait que vous ne viendriez pas aujourd'hui". Et là vous lui répondez, avec un large sourire "Et non c'est raté mon grand, j'espère que tu as appris ta poésie car c'est toi qui passe en premier... Non j'rigole !".
Sans doute étiez-vous de très bonne humeur ce matin là et surement aviez-vous davantage envie de blaguer voire de taquiner. Le résultat est que vous avez accueilli la remarque de cet enfant d'une toute autre manière, ce qui correspondait surement mieux à votre besoin de plaisanter, de vous détendre, de partager,....
Comment je vais ?
Analyser une situation conflictuelle peut s'avérer fort intéressant pour mieux se connaitre. Ce n'est pas simple, parfois même inconfortable, mais cela permet, peu à peu, de mieux comprendre son propre fonctionnement et peut-être, de mieux anticiper, par exemple, une grosse colère en repérant les signes avant coureur.
Il est d'ailleurs conseillé de commencer par des situations émotionnellement peu engageantes .
Un jour un formateur de l'IFMAN m'avait dit: "Je me demande souvent comment je vais tout au long de la journée". Sur le coup j'avais trouvé ça étrange. J'ai mieux compris par la suite.
Si, par exemple, je suis conscient de ma fatigue, de mon irritabilité et des besoins qui en découlent, je pourrais être plus vigilant et peut-être plus apaisé dans ma relation avec l'autre.
C'est aussi une façon de prendre soin de soi, d'être plus attentif à nos besoins autant que faire se peut.
Et comme j'aime le dire, non-violence bien ordonnée commence par soi-même...
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Par Marcel pascal le 3 Janvier 2020 à 15:46
C'est un sujet sur lequel je me suis beaucoup penché les premières années de mon cheminement vers la non-violence. J'ai eu du mal, au début, à m'avouer que, parfois, ma réaction face à un enfant était motivée par la rancune.
Je me souviens particulièrement d'un petit qui m'avait fait la misère (comme on dit dans le sud ;-) durant un atelier et qui, à la fin de l'activité, était venu tranquillement me demander de lui faire son lacet. Encore très en colère, j'avais hésité, puis je m'étais exécuté non sans mal, en ajoutant quelque chose comme "tu ne sais pas faire ton lacet, à 7 ans ?" (mais tu sais bien m'embêter avais-je surement pensé).
De retour chez moi, je me suis mis à réfléchir sur cette situation. A l'époque, je commençais à peine à analyser mes pratiques éducatives. Et là, je mettais le doigt sur un sujet qui allait me donner du fil à retordre. Car, en vérité, mon attitude envers ce petit était celle d'une personne en colère qui n'avait pas su dire de manière positive son ressenti.
Alors je rejouais la scène dans ma tête, comme j'aurais aimé qu'elle se déroule:
L'enfant : -Marcel, tu peux me faire mon lacet ?
Moi: - Oui... regarde comment je fais comme ça tu pourras essayer de le faire la prochaine fois. OK ?
(et alors que je termine le lacet)
C'était difficile pour moi de te parler tout à l'heure. Qu'est-ce qui s'est passé selon toi ?
-Je sais pas...
-J'avais vraiment besoin d'écoute et ça ma mis en colère d'être obligé d'arrêter la séance plusieurs fois parce que tu faisais du bruit. J'aimerai que la prochaine fois tu sois à l'écoute, d'accord ?
-Oui...
-Merci. On fera mieux la prochaine fois, j'en suis sûr.
L'analyse de mes pratiques m'a donc permis de me rendre compte à quel point il était difficile pour moi de prendre conscience de mon ressenti et de l'exprimer à l'enfant. Et avouer, m'avouer que je ne parvenais pas à dépasser un ressentiment, moi l'adulte, alors que je demandais tant de fois aux enfants de le faire, n'a pas été facile. Pourtant l'enfant y parvenait tellement souvent. N'étais-je pas capable de faire aussi bien ?
Alors j'ai travaillé méticuleusement, patiemment, tout d'abord à dire ce que je ressentais. Puis je me suis rendu compte que ça me faisait du bien et que cela me permettait d'envisager le dialogue avec l'enfant sous un angle plus favorable. Donc, moins de tension et de risque de ressentiment.
J'ai aussi appris à sentir quand je n'étais pas prêt à recevoir la demande de l'enfant, et à l'exprimer simplement : "Je suis en colère et j'ai besoin d'un peu de temps avant de te pouvoir t'écouter. Je reviens te voir rapidement. Merci".
Peu à peu, motivé par mon public, j'ai presque réussi - au moins de temps en temps - à égaler le maître (l'enfant).
Au bout du compte, cela me permet de vivre de très bons moments dans mes activités et d'être très souvent en phase avec cet enfant qui excelle dans le domaine de l'oubli et du pardon.
Une grande leçon de bonté et d'humanité, ça ne se refuse pas, surtout venant d'un enfant.
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Par Marcel pascal le 15 Décembre 2019 à 18:22
Le dialogue est parfois difficile entre l'enfant et l'adulte. Il faut dire que l'image que nous, les grands, avons de l'enfant, ne facilite surement pas les choses.
Pour la plupart des adultes, l'enfant est présumé coupable. Coupable de faire exprès, de faire semblant, de chercher le conflit, l'affrontement. Ce provocateur né, veut nous faire plier, nous soumettre à ses volontés, c'est certain. Voyez ce regard moqueur, ce sourire en coin, ces gestes désinvoltes, cet air provocateur.
Comment douter un seul instant des mauvaises intentions qui sont les siennes? Et sa propension à l'affabulation est bien le signe que ce petit être, en apparence sans défense, n'est pas un innocent tel qu'on veut bien nous le présenter dans certains ouvrages et autres colloques à la gloire de l'enfant.
Cela résume, à peu près, la pensée - peut-être un peu caricaturée - d'un certain nombre d'adultes sur l'enfant.
C'est vrai qu'il est parfois difficile de voir les choses autrement tant nos croyances, nos préjugés nous poussent à aller dans ce sens. Cette image négative de l'enfant est ancrée dans nos esprits au point de ne laisser que très peu de place au doute. Et si nous avions tort ?
J'ai une petite anecdote bien mignonne qui me vient à l'esprit.
Animateur en périscolaire, j'attendais dans la cour de l'école que les enfants sortent de classe pour récupérer ceux qui étaient inscrits à mon atelier.
Une enfant de CP/CE1, qui en faisait partie, arrive vers moi, tout sourire, avec un dessin à la main et me dit "C'est pour toi Marcel". Je la remercie mais en regardant le dessin (qui ressemblait à s'y méprendre à un gribouillage), je vois écrit en bas de la feuille "Pour maîtresse" (l'orthographe était différent). Je lui rend alors le dessin en lui disant "Tu t'es trompé, ce n'est pas pour moi".
Un fois chez moi, j'ai repensé à ma réaction face à une enfant qui m'avait finalement fait un cadeau que j'avais refusé. Pourquoi avais-je réagi ainsi? J'étais sans doute un peu vexé que ce dessin ne me soit pas véritablement destiné car jusqu'à preuve du contraire je n'étais pas une Maîtresse. Sans doute l'enfant m'avait-il choisi faute de mieux.
J'aurai pu arrêter ma réflexion ici, mais...
Et si cette enfant m'avait fait ce cadeau tout simplement parce que ça lui faisait plaisir...de me faire plaisir? Elle aurait pu le jeter, l'offrir à un camarade ou le garder pour ses parents, mais elle a choisi de me le donner à moi...
Finalement de ces deux hypothèses, pourquoi ne pas choisir la deuxième ? Dans la première, il y a peut-être deux déçus, dans l'autre sans doute deux heureux.
En désarmant mon regard sur l'enfant, en cessant de lui prêter de mauvaises intentions et de juger négativement le moindre regard, le moindre geste, la moindre attitude, j'ouvre des perspectives et des possibles réjouissants, autant pour l'enfant que pour moi.
C'est très naïf me direz-vous. Sans doute, mais n'est-ce pas utile parfois de l'être un peu... surtout avec les enfants ?
"Ce ne sont pas les choses elles-même qui nous gênent mais l’idée que nous nous faisons des choses"
Et ça nous avons le pouvoir de le changer et... ça peut tout changer.
“La naïveté est une façon de vivre intelligemment le présent.”
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