-
Par Marcel pascal le 7 Décembre 2019 à 19:20
En 2002 Jean-Marie Muller, philosophe spécialiste de la non-violence nous fait don - le terme est particulièrement bien adapté - d'un ouvrage que je qualifie pour ma part de véritable feuille de route pour tout éducateur - au sens large - soucieux de transmettre aux enfants des valeurs de paix, de tolérance et d'humanité.
Cet ouvrage, en libre téléchargement sur le Net, qui s'intitule "De la non-violence en éducation" est un appel à la paix. Chaque mot, chaque concept est expliqué, argumenté dans le seul but -je le pense - de permettre aux lecteurs de s'emparer des intentions éducatives qu'il recèle.
Jean-Marie Muller nous appelle ici à éduquer l'enfant à la non-violence, à condition nous dit-il "que l'éducation s'inspire elle-mème des principes, des règles et des méthodes de la non-violence", s"appuyant sur les propos de Karl Popper " L'éducation à la non-violence commence par la non-violence de l'éducation". Principe oh combien essentiel que nous, adultes, avons tendance à bien trop souvent oublier...
Ce n'est pas une mince affaire que de "déconstruire la culture de la violence " dont nous sommes imprégnés, je vous l'accorde, mais peut-on sincèrement, éthiquement, humainement continuer dans la voie de la violence?
Au vu des dernières découvertes scientifiques, peut-on encore nier que le cerveau de l'enfant est particulièrement sensible à la violence physique, verbale, psychologique et que ces dernières auront des conséquences plus ou moins préjudiciables sur le développement de l'enfant ? Nous pouvons nous raccrocher à notre propre expérience et se dire que finalement, ça ne va pas si mal pour nous, malgré tout. Mais qui peut savoir quel adulte nous serions devenu sans les coups, les humiliations, les châtiments, les jugements, les accusations,...?
L'enfant a toujours été celui qui devait faire mieux, mieux que les "grands". Poussé à la soumission il n'a eu d'autre choix que de se conformer aux attentes des adultes et de la société, ou alors gare à lui. Un enfant c'est sage, ça parle quand on l'autorise à le faire, c'est poli, ça s'excuse quand ça fait des bêtises et ça fait la paix même quand ça prend un coup qui fait mal ! Et tout ça "bon gré mal gré".
Mais les choses bougent petit à petit et ce qui était la norme hier devient peu à peu étonnant, dérangeant voire choquant.
Le changement est en route, certainement trop lentement, surtout pour les enfants, mais ça arrive enfin. Il était temps car il y a longtemps que les enfants nous attendent...
"Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin."
votre commentaire -
Par Marcel pascal le 1 Décembre 2019 à 18:53
Maman n'aime pas la violence. Elle n'a jamais porté la main sur son enfant ni crié après lui.
Mais elle est désemparée.
Justin 4 ans grandit, et les coups qu'elle supportait de sa part, avant, lui font de plus en plus mal.
Elle ne sait plus quoi faire. Dès qu'il n'a pas ce qu'il veut, Justin s'emporte, parfois avec violence.
Maman lit des livres pour trouver des réponses, elle suit même des formations ou elle apprend à communiquer différemment avec son petit.
Elle met en place un cadre bienveillant autour de lui, agence la journée de manière à prévoir des temps pour jouer et s'occuper de son enfant et l'aider à verbaliser ses émotions.
Mais ça ne suffit pas. Les crises arrivent parfois avec des gestes et des paroles qui font pleurer maman. Elle a essayé les câlins mais comment faire un câlin quand un enfant donne des coups de pieds et de poings ?
Elle n'a pas trouvé de réponse. La seule chose qu'on lui ait dit dans ces formations c'est : "on ne doit pas frapper ou violenter son enfant" ou encore "lui parler avec bienveillance, le prendre dans ses bras suffisent à calmer sa crise"...
Alors elle culpabilise le jour où, avec fermeté mais sans violence, elle retient la main de son enfant pour qu'il cesse de la frapper. Elle lui dit "non ! Je ne veux pas que tu me frappes...J'ai mal quand tu me tapes..."
Elle culpabilise lorsqu'elle s'assoit par terre avec son enfant entre ses jambes sans l'enserrer, afin de l'empêcher de se taper contre la porte. Elle lui caresse la tête tendrement et lui dit "Je t'aime", malgré ses cris et ses gesticulations, malgré les coups qu'elle reçoit.
En quelques semaines, elle remarque peu à peu un changement d'attitude de la part de Justin. Les crises durent beaucoup moins longtemps et se font de plus en plus rares.
Son enfant lui parle à présent de ce qu'il ressent, il lui explique ses colères, ses besoins. Maman est heureuse et Justin semble plus apaisé.
Il a fallu deux mois pour que la violence laisse place à la parole.
Malgré tout maman n'a pas réussi simplement en parlant à faire comprendre à Justin qu'il devait apprendre à exprimer sa colère sans violence.
Elle ne parlera à personne de ça.
Elle a compris...c'est tabou.
votre commentaire -
-
Par Marcel pascal le 16 Octobre 2019 à 12:31
Pardonnez le titre quelque peu farfelu de cet article qui peut laisser à penser que la suite n'est pas digne d'attention. Pourtant, le sujet est tout à fait sérieux, je vous l'assure.
60 secondes pour grandir
Lorsqu'un enfant dépasse les limites, certains adultes sont parfois amenés, à sortir de leurs gongs pour le pire et le moins bon. D'autres, en revanche, cherchent, de manière plus réfléchie, comment aider l'enfant à revenir à la raison.
Au début, je pensais que mes pairs avaient raison. Donner un sablier à un enfant et lui dire : "va réfléchir à ta bêtise et quand tu reviens dis-moi ce qui a changé et comment tu comptes réparer", ça ne peut pas marcher.
Alors j'ai commencé timidement par un sablier de 5 minutes pour faire plaisir à mes détracteurs (et peut-être aussi pour me rassurer) et peu à peu, j'ai réduit le temps pour me retrouver aujourd'hui à 60 secondes.
Et bien, je dois vous dire que ça marche dans 9 cas sur 10 au moins.
Bien sûr, le cadre est fixé au préalable, avec une charte ou à l'aide d'outil comme P.E.R.E. ,ce qui permet de prévenir les sorties de...cadre. C'est aussi plus facile pour l'enfant d'accepter la sanction lorsqu'il a en face de lui un adulte serein et bienveillant qui a pris soin de l'informer des sanctions qu'il encoure si, d'aventure, son comportement n'était pas accepté.
Le but est de faire réfléchir l'enfant et non de le châtier. Le but est l'éducation pas la vengeance. Et dans ce cas, 60 secondes c'est largement suffisant dans la plupart des situations. Parfois il m'arrive même d'entendre l'enfant me dire : "je veux continuer à réfléchir"et le voir tourner lui-même le sablier pour ajouter du temps.
Je précise qu'il n'y a pas de contrôle de la part de l'adulte, pas de surveillance. C'est l'enfant qui gère son temps. La seule chose que je lui demande c'est qu'il réfléchisse à sa bêtise, et pour se faire, j'ai tout intérêt à ce que l'émotion ne vienne pas perturber la réflexion de ce petit apprenti.
Cependant, il est important de signaler que les sanctions sont graduelles.
Rappelons aussi qu'établir des sanctions au préalable permet à l'adulte de rester raisonnable, même lorsqu'il est en colère, le protégeant de tout dérapage autoritaire et autre sanction disproportionnée. Il a des outils et il peut s'en servir.
Dans la plupart des échelles de sanctions, j'aime prévoir, en ultime recours, l'appel aux parents car il est toujours intéressant de les impliquer quand la situation devient trop difficile. Bien sûr, il m'est arrivé d'être déçu de la réaction de certains parents, dans une minorité de cas. Mais la plupart du temps, ils sont d'une grande aide.
Alors convaincu ?
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique